dimanche 17 avril 2016

Abeilles fouisseuses

Des hyménoptères qui tournoient autour des jardiniers, déjà piqués par des guêpes. Il n'en faut pas plus pour faire intervenir l'exterminateur de nids de guêpes et de frelons. C'est ce qui est arrivé dans le domaine de la Coudoulière il y a deux semaines. L'homme venu de Sainte Anne du Castelet s'est aussitôt dirigé vers l'endroit d'où provenaient les insectes piqueurs : une étendue sablo-argileuse de 2 m² perforée de galeries où nichait la gente ailée.

Galeries creusées dans la terre par des abeilles fouisseuses
 
En fait il s'est avéré que les prétendues guêpes étaient des abeilles fouisseuses, lesquelles ont la particularité de creuser dans la terre des galeries sans les étayer (si elles sont étayées, on a affaire à des Mégachiles). Les femelles y déposent leurs œufs. Les larves se développent ensuite dans des cellules remplies de provisions. 

Ce sont des apidés d'environ 15 mm qu'il ne faut pas détruire car ils participent massivement à la pollinisation des fleurs. Grâce à leur longue trompe, ils affectionnent les fleurs à corolles, comme celles de la sauge officinale (Salvia officinalis), au fond desquelles ils peuvent puiser le nectar.

Anthophore à pattes plumeuses butinant une fleur de sauge officinale

J'ai pu photographier quelques unes de ces abeilles afin de pouvoir les identifier. Ce sont des abeilles solitaires appelées anthophores à pattes plumeuses (Anthophora plumipes) dont la forme massive n'est pas sans rappeler l'aspect d'un petit bourdon. L'anthophore femelle se distingue par une forte pilosité brun-gris, alors que chez le mâle la pilosité du corps est d'un brun-roux, avec de longs poils sur les pattes médianes.

Anthophore à pattes plumeuses posée au sol

Non loin des galeries creusées par les anthophores, on trouve d'autres abeilles velues, noires et blanches. Elles paraissent amorphes, comparées aux abeilles fouisseuses qui sont très actives. En fait ce sont des abeilles coucous (Melecta albifrons) qui sont cleptoparasites des Anthophora plumipes puisque les femelles (plus noires que les mâles) pondent leurs œufs dans les galeries creusées par leurs hôtes.

Melecta albifrons mâle posé sur une bordure de trottoir

Ainsi est la nature. Mais que les jardiniers se rassurent, ces apidés ne piquent pas et sont absolument inoffensifs. Si on veut s'en débarrasser, il suffit de couvrir le sol où les abeilles ont creusé leurs galeries, de 10 cm de graviers. Ainsi elles iront creuser leur nid ailleurs, dans un sol propice au développement de leurs progénitures.

Photos : RHP Collection

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