dimanche 2 février 2014

Les seiches

Si au hasard de vos promenades vous arpentez au mois d'avril la digue ouest de la Coudoulière, à Six-fours-les-plages, vous y verrez des pêcheurs particuliers utilisant, en guise d'appâts, des leurres en forme de petits poissons. Ces leurres appelées turluttes sont uniquement utilisées pour la pêche aux calmars et aux seiches.

Une belle seiche pêchée depuis la digue de la Coudoulière
Dans un précédent article consacré aux calmars, je narrais que la pêche de ces céphalopodes se faisait au début de l'hiver, dès la tombée de la nuit. Pour les seiches, la pêche se fait de jour, dès le début du printemps. La technique est pratiquement la même. Si les calmars se pêchent en surface avec un leurre flottant, on pratiquera pour les seiches une pêche de fond.

Deux seiches dans un seau, baignant dans leur encre
On peut utiliser une turlutte plombée, mais celle-ci est surtout efficace quand on pêche à bord d'un bateau. Pour pêcher à partir d'une digue on préférera un leurre flottant qu'on accrochera en "drop shot". Il faudra donc réaliser un montage simple où le leurre non plombé sera suivi d'un fil nylon de 50 cm au bout duquel vous attacherez un petit plomb.

Divers leurres plombés, adaptés à la pêche des seiches
Au large de la digue de la Coudoulière, il y a des bancs de sable entrecoupés de zones de posidonies. C'est là que se tiennent en avril les seiches, venues pour frayer. Ces céphalopodes font comme les soles ; ils se camouflent dans le sable en y adoptant les mêmes couleurs et textures, et attendent qu'une proie passe à proximité pour s'en saisir.

Seiches pêchées avec des leurres artificiels
La technique de pêche consistera donc à pêcher au ras du sable. Après avoir lancé, il faut attendre que le plomb arrive au fond, puis par petite tirée en maintenant la canne en position haute, faire un bond à la turlutte. Mouliner en rabaissant la canne, faire une petite pause ligne tendue pour sentir une éventuelle touche, puis répéter l'opération jusqu'au bord. Les touches ne sont pas violentes comme chez le calmar. Avec la seiche, on a l'impression d'avoir accroché un sac en plastique... mais en cas de capture, il faut continuer à mouliner pour que les tentacules se prennent bien aux crochets du leurre, sinon la seiche se décrochera. Une fois la seiche ramenée sur le quai, faire attention aux jets d'encre sur la peau ou sur les vêtements.

Technique de pêche des seiches
Il n'y a pas qu'à la canne qu'on capture des seiches. On obtient d'excellents résultats en pêche sous-marine. Il suffit de visiter les bancs de sable et d'être très observateur. On reconnaîtra une seiche camouflée non par sa couleur, mais uniquement par la forme arrondie de son manteau qui se découpe sur le fond sableux. Parfois on peut les apercevoir nageant vers le fond ou entre deux eaux, mais jamais en surface.

Seiches de la Coudoulière capturées en pêche en apnée
Comme son cousin le calmar, la seiche commune (Sepia officinalis) possède dix tentacules dont les deux plus longs servent à capturer ses proies. Ces tentacules sont dotés de ventouses surmontées d'un anneau dentelé, disposés en couronne autour de deux mandibules en forme de bec de perroquet capables de déchiqueter la carapace des crabes. Ajoutez une poche à encre utilisée en cas de danger pour masquer sa fuite et deux yeux à vision binoculaire, et on a fait le tour des points communs pour les deux espèces.

Seiche capturée par notre ami canadien Jean, venu passer des vacances en Provence
En effet, contrairement à l'encornet, la seiche possède non une plume mais une structure interne dure et cassante appelé sépion. Il s'agit en fait d'une coquille composée principalement d'aragonite et remplie de gaz utilisée pour le contrôle de sa flottabilité. Il faut savoir que les os de seiches sont appréciés des oiseleurs. Placés dans les cages ils apportent du calcium et des oligo-éléments aux oiseaux qui les picorent tout en s'aiguisant le bec.

Os de seiche
La cuisson : Comment faire pour que les seiches soient tendres et ne perdent pas leur saveur ? C'est comme pour tous les aliments, dès qu'on les fait bouillir trop longtemps, ils perdent de leur goût ! Voici une astuce d'un ami qui a vécu sous les Tropiques, mais que je n'ai pas expérimentée : après avoir bien lavé les seiches, les mettre dans un récipient avec beaucoup de sel et les faire tourner à la main pendant une demi heure jusqu'à ce qu'elles blanchissent, signe qu'elles sont cuites. Il ne vous restera plus qu'à les rincer abondamment à l'eau froide et les cuisiner comme bon vous semble.

Les blancs de seiches à la provençale
Sinon une recette toute simple : découper le blanc de seiches en carrés, faire revenir en autocuiseur avec de l'huile d'olive, ensuite ajouter du vin blanc sec, une boîte de sauce tomate, une échalote et une gousse d'ail émincées, de l'estragon et du persil finement hachés, et une pincée de piment d'Espelette. Fermer hermétiquement le couvercle et continuer la cuisson jusqu'à ce que le tourniquet se mette à tourner. Retirer du feu. Vous n'avez plus qu'à servir avec du riz basmati.

Les recettes de cuisine de ces mollusques sont nombreuses sur le Net. Citons pêle-mêle les seiches à la soubressade, à la rouille, en daube, à la provençale, à la sétoise, à l'armoricaine, au curry, aux lentilles, en fricassée, aux tagliatelles, à la créole, et j'en passe... Leur chair étant très goûteuse, vous allez vous régaler !!!


Après la parution des articles sur le poulpe et sur le calmar s'achève, avec ce présent article, la trilogie des céphalopodes de Méditerranée. Vous trouverez ci-dessous des liens vers ces deux articles cités, au cas où vous ne les aurez pas (encore) consultés. Bonne lecture donc et à plus pour de nouvelles parutions.

L'article sur les poulpes

L'article sur les calmars

Photos : RHP Collection

3 commentaires:

  1. J'ai bien aimé ce petit reportage sur les mollusques céphalopodes de Méditerranée. Je suis un ancien plongeur et j'ai toujours admiré ces habitants de la" phone marine" !

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  2. Excellent article. Des seiches j'en tirais quand j'étais en Corse. On y ramassait les os sur les plages que je donnais à mes poules, et elles se régalaient avec. En Provence quand une fille avaient de grands yeux, on disait qu'elle avait des yeux de "Supi" !!!

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    1. Il y a aussi les filles aux yeux tout ronds que les marseillais qualifient de yeux de bogue...

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