Les premiers froids arrivent et les petits reptiliens de notre quartier ne vont pas tarder à passer l'hiver à l'abri du froid. Cet état d'hibernation se produira dès le moment où la température extérieure se maintiendra pendant plusieurs heures par jour en dessous de leur température moyenne préférée (TMP), dans un lieu à température constante basse (dans le sol, fissures de rochers, anfractuosités de murs, soupentes, etc). Cette période d’hibernation est absolument indispensable pour que l’animal puisse se reproduire, puisque c'est par ce phénomène, associant les basses températures à l’obscurité, que vont être stimulés les centres nerveux et endocriniens qui déclenchent les cycles de la reproduction.
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Lézard des murailles (photo RHP Design) |
Il faudra donc attendre, l'année prochaine, l'arrivée du
printemps pour voir nos petits lézards se prélasser au soleil et les
tarentes descendre des toits la nuit tombée pour aller chasser.
La tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica)
La tarente de Maurétanie (et non de Mauritanie, qui désignait sous l'antiquité le territoire des Maures) est une espèce de geckos de la famille des Phyllodactylidae qu'on trouve sur tout le pourtour méditerranéen. Ils affectionnent les zones pierreuses et les broussailles clairsemées, et se sont également très bien adaptés à l'homme. Arboricoles et nocturnes, on peut les apercevoir sur les murs, en particulier près des éclairages, là où se trouvent les insectes la nuit.
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Tarente de Maurétanie (photo Bernard Gay) |
Ce qu'on remarquera chez ce gecko, c'est son aspect trapu, avec une peau parsemée de petites protubérances, une queue relativement longue et une large tête. Il est de taille moyenne (15 cm maximum pour les plus gros spécimens). Sa couleur va du beige clair au brun sombre, et peut varier en fonction du moment de la journée pour mieux réguler la température du corps. Ses doigts sont pourvus de pelotes adhésives appelées setæ (1) qui lui permettent de se déplacer dans les arbres et sur les murs, et même sur les vitres et au plafond des maisons. Les tarentes ne possèdent pas de paupières mais une membrane tégumentaire translucide qu’ils peuvent nettoyer avec leur langue. Leurs pupilles verticales sont particulièrement adaptées à la vision nocturne.
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Tarente de Maurétanie (photo Ironcyborg de Wikimedia Commons) |
Les tarentes sont des animaux très vifs, capables de se déplacer promptement sur toutes surfaces. Elles sont également très craintives et ne
se laisseront pas facilement approcher. Elles ont des mœurs essentiellement nocturnes, mais il est
parfois possible de les observer prenant un bain de soleil au printemps
ou à l’automne, quand les températures sont plus fraîches. Les mâles sont très territoriaux, allant jusqu'à se battre entre eux. Ces geckos se reproduisent au printemps, au retour des beaux jours. Les femelles pondent leurs œufs en plusieurs fois, enterrés dans le sol.
Le lézard des murailles (Podarcis muralis)
C'est une espèce de sauriens de la famille des Lacertidae qui habite les vieux murs, les tas de pierres, allant même à apprécier les rails ou les quais de gares peu fréquentés. C'est dire qu'il est plus urbain que les autres espèces de lézard. Il est de forme élancée, avec une écaillure à la coloration très variable, allant du brun au verdâtre, en passant par le gris. La face ventrale de son corps est claire, jaune, bleue ou rougeâtre, et la gorge est mouchetée de noir. Le mâle mesure environ 20 cm et la femelle 18 cm.
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Lézard des murailles (photo RHP Design) |
La queue de ce lézard casse facilement, lui permettant ainsi d'échapper à des prédateurs, car cette extrémité « perdue » continue à s'agiter, constituant un leurre vis-à-vis de l'attaquant. On parle alors d'autotomie (2). Une queue de remplacement repoussera progressivement, mais elle sera dépourvue d'écailles et prendra une couleur uniforme gris sombre.
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Lézard des murailles (photo RHP Design) |
Le lézard des murailles se nourrit d'insectes (chenilles, papillons, criquets, grillons, teignes, pucerons, mouches), d'araignées et de vers de terre. Il est principalement la proie des oiseaux et des hérissons, ainsi que des chats près des zones habitées. Il peut être parasité par des tiques.
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Lézard des murailles (photo RHP Design) |
L'accouplement a lieu au printemps, suivi de la ponte qui interviendra chez nous en avril. La durée de l'incubation est d'environ six semaines.
Comme tous les reptiles, lézard et tarente sont poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température corporelle varie en fonction des conditions extérieures. Tous les deux sont quadrupèdes. Ce sont aussi des squamates, c'est-à-dire qu'ils se débarrassent de leur ancienne peau qui se détache par plaques lors des mues successives intervenant lors leur croissance. Voilà ce qu'on peut dire des traits communs à ces deux sauriens. Voyons leurs divergences.
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Tête de tarente du Midi (à gauche) et de lézard des murailles (droite) |
On remarquera surtout les yeux. Pupille verticale chez la tarente pour une vue adaptée à la vision nocturne. Pupille ronde chez le lézard des murailles qui a une activité diurne.
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Peau de tarente du Midi (à gauche) et de lézard des murailles (droite) |
Peau rugueuse, parsemée de petites protubérances, de couleur blafarde, chez la tarente. Peau colorée, ayant un aspect plus lissé, recouverte d'écailles fines chez le lézard des murailles.
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Doigts de tarente du Midi (à gauche) et de lézard des murailles (droite) |
Les doigts du lézard des murailles se terminent par des griffes qui lui permettent se grimper sur des surfaces rugueuses. L'extrémité des doigts de la tarente sont pourvus de pelotes adhésives appelées setæ (1) qui lui confèrent la capacité de se
déplacer sur des surfaces lisses.
Il n'y a plus qu'à souhaiter bonne hibernation à ces petits sauriens, en espérant les revoir au printemps prochain pour se gaver d'insectes, dont les moustiques qui cet été nous ont bien importunés !
(1) Les setæ : poils microscopiques offrant une adhérence très grande grâce aux forces qui s'exercent entre l'extrémité de ces poils et les objets, au niveau moléculaire, appelées forces de Van der Waals (3).
(2) Autotomie : capacité qu'ont certains animaux à perdre volontairement une partie non vitale de leur corps.
(3) Johannes Diderik van der Waals (1837-1923) : physicien néerlandais, prix Nobel de physique en 1910, qui fut le premier à introduire leurs effets dans les équations d'état des gaz en 1873.
Additif du 5 février 2014
Comme vous le savez, cet hiver le Var a connu de fortes précipitations pluviales. Corollairement les températures n'ont jamais été négatives, ce qui explique que des fleurs garnissent les arbustes ornementaux, et qu'on peut apercevoir, dès l'apparition d'un rayon de soleil, des papillons voler dans le ciel et des tarentes se faire "bronzer". La photo qui suit a été prise hier, sur un mur d'une villa du cap Nègre exposé au soleil couchant. Vous remarquerez le corps de cette tarente, qui s'est assombri pour mieux réguler sa température, et sa queue sans protubérances, signe qu'elle a repoussé après avoir été coupée.
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Tarente de Maurétanie (photo RHP Design) |
Additif du 16 juillet 2021
Une question m'a été posée par des conseillers syndicaux après la découverte de crottes dans les coursives de leurs immeubles, à savoir par quel animal elles avaient été émises ? L'analyse des crottes, d'une longueur d'environ 8 mm, a permis d'écarter les petits mammifères tels que souris, rats et chauve-souris qui laissent des fientes de couleur uniforme. En effet les crottes observées étaient brunâtres avec des parties blanches, soit en leur extrémité, soit diffuses. Il faut savoir que les reptiles (mais pas seulement qu'eux) possèdent un cloaque par où sont évacués les fèces (parties brunes) et l'urine (partie blanche) ce qui explique la forme et la coloration de leurs crottes. Un examen attentif permet de distinguer des restes non digérés d'insectes, comme les élytres, la carapace et autres parties chitineuses dures. Dans le midi les soupentes des habitations sont colonisées par les tarentes qui s'abritent le jour sous les tuiles et charpentes des maisons, et qui la nuit tombée quittent leurs abris pour aller chasser. Donc il ne faut pas chercher plus loin pour découvrir quels dont les animaux, auteurs nocturnes de ces crottes !
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Crottes de lézard des murailles (photo du haut) et de tarente de Maurétanie (photo du bas)
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