lundi 8 janvier 2018

Meilleurs vœux halieutiques

En ce début d'année, et puisqu'à la Coudoulière il y a beaucoup de pescadous, je vais souhaiter à ceux-ci une bonne et merveilleuse année remplie de pêches mémorables, même si nous avons constaté qu'au fil des décades, les poissons de Méditerranée avaient hélas diminué en taille et en nombre.

Bonne année halieutique 2018
A la Coudoulière, il n'y a pas que la pêche en mer. En effet le domaine de la Coudoulière dispose de deux lacs d'eau douce dont l'un est destiné – pardon, était destiné – à la pêche exclusive de ses résidents.

Mais voilà, dans le lac de l'anneau avaient proliféré des plantes aquatiques qui envahissaient la surface de l'eau. Des nénuphars, certes, mais surtout des cératophylles épineux (Ceratophyllum demersum) dont il fallait se débarrasser parce qu'ils enlaidissaient et altéraient la beauté des plans d'eau.

Lac de l'anneau envahi par les cératophylles en 2009
Si on peut facilement maîtriser le développement des cératophylles épineux (ou cornifles immergés) dans des aquariums ou dans des petits bassins, il n'en est pas de même pour les grandes étendues d'eau. Ces plantes aquatiques n'ont pas de racines mais développent des feuilles modifiées ayant un aspect de racines se fixant dans le fond envasé. Les fleurs bleutées sont petites, discrètes et peuvent être, sur la même plante, de sexe mâle ou femelle. Malgré leur aspect visuel peu engageant, ces plantes offrent néanmoins des abris aux alevins contre leurs prédateurs et ont la particularité de produire de l'oxygène, source de vie en milieu halieutique.

Cératophylles épineux
Il faut savoir que des oiseaux aquatiques, tels les foulques macroules (Fulica atra), se nourrissent de cératophylles (voir la vidéo sur YouTube que j'ai réalisée), mais il faudrait d'importantes colonies de ces rallidés pour en venir à bout.

Foulque macroule marchant sur des rhizomes de nénuphar
Alors il a été décidé lors de l'assemblée générale de l'ASLG de 2009 d'introduire des carpes amour (Ctenopharyngodon idella), lesquelles se nourrissent de plantes aquatiques, ce qui était une solution écologique et économique pour réguler la croissance des cératophylles. 

Depuis mars 2013 l'introduction dans les lacs français des carpes amour, également appelées amours blancs, est strictement réglementée et soumise à autorisation préfectorale sous certaines conditions.

Deux grandes carpes amour se prélassant au soleil
Parallèlement, en décembre 2009, furent déversées dans le lac de l'anneau deux tonnes de Nautex, qui est de la chaux éteinte qu'on trouve à l'état naturel en Champagne, afin de réduire le volume de vase tapissant le fond du lac, celle-ci atteignant par endroits 1,50 mètre.

Epandage du Nautex dans le lac de l'anneau en décembre 2009
Sans parler d'un faucardage coûteux réalisé en 2015 sur le lac de l'anneau pour arracher les plantes aquatiques, ainsi que d'autres apports en Nautex pour favoriser le développement des bactéries aérobies qui se nourrissent de vase. En vain puisque les plantes aquatiques réapparurent les années suivantes, et que la quantité de vase absorbée fut négligeable, visuellement parlant.

Faucardage dans le lac de l'anneau réalisé en août 2015
Au printemps 2017, alors que les poissons sortaient de leur léthargie hivernale pour frayer, furent encore déversés dans le lac de l'anneau plusieurs sacs de Nautex, avec le résultat final qu'on connaît : la mortalité de tous les poissons du lac par asphyxie, due à l'eutrophisation et à la raréfaction de l'oxygène dissous dans l'eau, combinées à d'autres synergies ayant induit un phénomène létal (voir l'article sur« l'hécatombe de poissons »  paru dans un précédent article sur ce blog).

Benne remplie de poissons morts en juillet 2017
Vous l'avez compris, la connaissance sur les peuplements de poissons dans les grands plans d'eau et sur leur gestion halieutique dans un écosystème particulier ne peut relever de l'amateurisme. Il faut faire appel à un expert en vue de déterminer la nature des travaux permettant d'assurer une gestion pérenne du milieu halieutique sans retomber dans les erreurs du passé.

A mon avis, il y a une opération qui aurait du menée depuis fort longtemps : le vidage et le curage du lac de l'anneau. Les derniers travaux de vidage et de curage remontent à une trentaine d'années.

Des tonnes de vase encombrent le fond du lac, souillées par des hydrocarbures et des dérivés du pétrole en provenance de l'avenue du cap Nègre, par des métaux lourds comme le mercure, le plomb ou le cadmium, par des dépôts azotés et des polluants organiques persistants qu'il convient d'éliminer car ils se concentrent dans la chair des poissons pouvant être consommée par les pêcheurs ne pratiquant pas le no-kill.

Vidage et curage du lac de l'anneau dans les années 1980
Avant le remplissage en eau du lac, la réparation par thermocollage du revêtement plastifié couvrant le fond du lac, abîmé, va s'imposer. Il faudra aussi prévoir l'emplacement et l'alimentation électrique des systèmes d'aération de l'eau, tels que des fontaines de surface aératrices. Ces fontaines, outre l'agrément visuel et le spectacle assuré par les jets d'eau, auront pour effet d'oxygéner l'eau et d'éviter tout risque d'eutrophisation du milieu aquatique. A savoir qu'il existe des fontaines alimentées en énergie par mini-éoliennes ou par des panneaux solaires.

Fontaine aératrice
Pour éviter que les plantes aquatiques prolifèrent de façon désordonnée, il faut en maîtriser le développement. Une des solutions consiste à les planter dans des paniers flottants, suffisamment lestés pour être immergés aux profondeurs préconisées tout en leur assurant une croissance maximale. Ainsi ces plantes pourront être surveillées, déplacées et enlevées à souhait sans interaction aucune avec les sédiments qui se déposeront au fil des ans sur le fond du plan d'eau.

Paniers flottants à lester
Vous l'avez compris, des solutions pérennes existent qui nécessitent certes un investissement coûteux au départ, mais qui sera largement amorti sur le moyen et long terme.

L'ASLG voudrait se doter d'un club de pêche. Ce club ne pourra exister que si la qualité de l'eau des lacs est irréprochable, riche en oxygène dissous, et pouvant accueillir une faune piscicole constituée d'une majorité de poissons blancs et de quelques carnassiers indigènes vivant dans les eaux de 2ème catégorie, comme cela existait à la Coudoulière, il y a une trentaine d'années.

Ce club, affilié à la Fédération, aura pour ambition de favoriser le repeuplement des poissons et d'enrayer la prolifération de la flore aquatique, par une meilleure gestion des plans d'eau et de notre patrimoine. 

Photos : RHP Collection.

6 commentaires:

  1. Le lien vers cet article a été envoyé à +80 résidents du domaine de la Coudoulière. Le mail d'accompagnement indiquait : "Quand j'ai acheté un appartement dans le domaine, il m'avait été assuré qu'il n'y avait pas de moustiques communs malgré la présence de plans d'eau, et que l'un des 2 lacs était destiné à la pêche... De nos jours, l'écosystème du lac rond et sa diversité biologique ont été bouleversés par la destruction de toutes les plantes aquatiques et la mortalité de tous ses poissons. Ce déséquilibre aura pour impact la baisse de fréquentation des oiseaux aquatiques, le risque de profusion des moustiques communs due à la mortalité des gambusies, la diminution de la population des libellules privées de leur habitat naturel, etc. Des solutions existent pour faire revivre le lac de l'anneau. Encore faut-il se donner les moyens de les appliquer."

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  2. Il serait souhaitable que cette action soit inscrite dans le budget de l’ASLG dès cette année. La difficulté sera de faire voter cette nouvelle dépense alors que pas mal de personnes “râlent” à propos du coût des travaux de la piscine.

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  3. Les lacs font partie du Domaine de la Coudoulière et par conséquent doivent être entretenus. Il serait intéressant de connaître les propositions de la commission "étangs". Les poissons, les oiseaux, les insectes, les plantes doivent vivre en harmonie. En l'absence de l'une de ces espèces, l'écosystème est rompu et on peut assister au surdéveloppement d'une espèce comme les moustiques !!! Mon ami adorait pêcher et il est impensable que le lac rond perde l'affectation qui lui a été dévolue.





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    1. J'ai rencontré le délégué "forêts, lacs et pêche" qui m'a dit avoir contacté plusieurs entreprises de curage. Une seule a fourni un devis s'élevant à 160.000 €. Un tour de table avec les membres du syndicat n'aurait rien donné, certains étant même hostiles à toutes dépenses compte tenu de la facture piscine qui va s'allonger (minimum 40.000 €) et qui plombe tous les débats. Pourtant on pourrait entreprendre ces travaux dès maintenant. En moyenne ils coûteraient 78,74 €/appartement. Avec un crédit sur 3 ans, cela ferait 2,20 €/mois compte tenu du faible taux d'intérêt, ou 2,70 € en ajoutant les équipements hydro-électriques, les travaux sur le revêtement de fond et les intérêts du prêt.

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  4. Beaucoup de copropriétaires se posent des questions : y'a t'il une commission traitant des lacs ? y'a t'il un budget spécifique ? etc etc. Beaucoup trop restent dans l'ignorance : manque de volonté? manque de communication ? .. Toutefois il y a des copropriétaires qui s'en inquiètent. Un grand merci a eux !

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  5. La première pollution venait d'un exercice mal maîtrisé par les pompiers, puis le lac à retrouvé ensuite une vie plus équilibrée mais les poissons pêchés n'étaient plus consommables. Evidemment qu'il faut de toute urgence régler ce problème pour éviter toute nouvelle attaque. Le second lac semble sain, mais il est envahi par les nénuphars et n'existera bientôt plus en tant qu'écosystème ayant une diversité biologique. Je vous soutiens dans votre action.

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