jeudi 27 juillet 2017

Hécatombe de poissons dans le lac rond

Jamais on avait vu ça : à la surface de l'eau, des poissons morts, le ventre en l'air, et près des rives d'autres poissons agonisant, comme asphyxiés. Asphyxie : le mot était lâché. Les eaux chauffées par le soleil d'été, la baisse du niveau d'eau, la disparition des cératophylles réputées oxygéner l'eau, la hauteur conséquente de la vase, tous ces éléments conjugués auraient-ils contribué à la mort de toutes les espèces ichtyennes peuplant le lac de l'anneau ?

Perches-soleils mortes flottant à la surface de l'eau
D'autres perches-soleils sans vie
 
Pourtant, par le passé on avait introduit des carpes amour, grandes mangeuses d'algues et de nénuphars, et aussi fait appel à un faucardeur pour débarrasser le lac des plantes aquatiques envahissantes qui se développaient à la surface de l'eau.

Récemment, il a été saupoudré du Nautex, une poudre produite à partir d’une craie coccolithique d’origine sédimentaire dont la particularité est de réduire les vases néfastes, reminéraliser le lac de façon durable et permettre un meilleur équilibre biologique.

Les gros black-bass n'ont pas survécu à cette hécatombe
Black-bass pris dans les roseaux
Petite perche-soleil et gros black-bass assailli de mouches bleues
 
Il est certain que le curage des deux lacs auraient du être programmé depuis quelque temps, mais voilà il y a eu la réhabilitation du centre nautique dont la priorité et le coût ont reporté à plus tard ce vaste chantier de désenvasement des lacs. A certains endroits, l'épaisseur de la couche de vase dépasse le mètre, laquelle peut en se décomposant dégager du méthane. Mais ce n'est pas l'odeur de ce gaz qui incommode les promeneurs, c'est celle des poissons en décomposition !

Les mouches bleues ont pondu sur cette tanche qui a été infestée d'asticots
Tanche moribonde (haut) et une autre échouée sur la berge (bas)
 
Avec la chaleur, les chairs en putréfaction attirent les mouches bleues qui déposent leurs œufs dans les orifices et les plaies. Dans les jours qui suivent, ce sont des centaines d'asticots blancs qui apparaissent comme le montrent les photos prises à 48 heures d'intervalle.

Même les anguilles qui pourtant ont la vie dure, n'ont pas été épargnées. Leur corps serpentiforme, inerte, se découpe sur les fonds vaseux.

Même les anguilles n'ont pas été épargnées
 
Les grosses carpes amour qui avaient été introduites dans les lacs flottent, le ventre en l'air, gonflées par la chaleur. C'est un spectacle attristant que de voir ces gros poissons, jadis si vifs, privés de vie. Le plus grand amour blanc ramassé par le jardinier chargé de l'élimination des cadavres mesurait 1,50 mètre.

Carpe amour sans vie
Carpes amour mortes déposées sur la berge
Carpes amour hissées sur la barque
 
Des grands bacs poubelles furent chargés sur la barque à fond plat, et plusieurs rotations furent nécessaires pour enlever les poissons morts qui flottaient ou qui étaient pris dans la végétation de la berge.

Récupération des poissons morts avec la barque
Plusieurs rotations seront nécessaires pour récupérer les cadavres de poissons
 
Beaucoup d'autres poissons gisent au fond. Ils remonteront à la surface dès fermentation de leurs viscères, et il faudra renouveler chaque jour les opérations d'enlèvement et d'équarrissage pour éviter tout risque sanitaire. 

L'ASLG a procédé à des analyses de l'eau du lac rond car la thèse d'une pollution, qu'elle soit accidentelle ou non, n'est pas à exclure.

Les nombreuses affiches mettant en garde les pêcheurs
 
Une vérification visuelle de la surface de l'eau du lac long, riche en nénuphars, n'a pas décelé, fort heureusement, une quelconque mortalité de la faune aquatique. 

Il semblerait cependant que les gambusies du lac rond, habitués à des eaux marécageuses, appauvries en oxygène, ne soient pas aussi affectés par cette hécatombe que les autres poissons. Il faut savoir que ces "guppys sauvages" se nourrissent de larves de moustiques. Leur disparition serait catastrophique, car elle contribuerait à la prolifération des Culicidés.

Les petits gambusies se nourrissent de larves de moustiques
 
Tous les promeneurs que j'ai croisés étaient consternés par ce spectacle affligeant. Tous étaient d'accord pour dire que le domaine, sans ses lacs poissonneux, riches en flore et en faune, allait perdre de son charme et de son prestige.

Ce qui remet aussi en cause la création d'une association de pêcheurs au sein des résidents du Domaine. Un projet ambitieux, en relation avec la Fédération de Pêche du Var, qui aurait permis une gestion saine des lacs, avec un empoissonnement raisonné tout en aménagement les berges, lieux de promenade. Une initiative qui va tomber à l'eau (sans faire de jeux de mots), s'il n'y a plus de poissons dans nos lacs...

- Photos : RHP Collection

Dimanche 30 juillet

Lac rond : en passant le petit pont, une odeur pestilentielle agresse nos sens olfactifs. Beaucoup de mouches bleues (Calliphora vomitoria) sont présentes. A la surface de l'eau, aucun poisson à écailles, mais beaucoup d'anguilles mortes qui viennent s'agglutiner là sous l'effet des vents. Absence de gambusies, ce qui est inquiétant.

Anguille morte prise dans les nénuphars

Lac long : malgré des rumeurs alarmantes, pas de poissons morts visibles. Dans la partie du plan d'eau proche du canal reliant les deux lacs, j'ai observé sept grandes carpes koï rouges et blanches, et plusieurs bancs de gambusies actifs. A savoir que ce plan d'eau n'a pas été traité au Nautex et qu'il est envahi de nénuphars.

Le commentaire de Gérard à propos des bactéries aérobies m'a conduit à m'informer sur l'action du Nautex qui permet de lutter efficacement contre l'eutrophisation des plans d'eau et de favoriser le développement au niveau des sédiments de la micro-faune naturelle (bactéries aérobies) qui recycle les matières organiques. Paradoxalement, selon une publicité faite autour du produit, il contribuerait aussi à augmenter la production d'oxygène. Conditions d'utilisation dans le cadre d'une opération choc contre l'envasement : 250g/m² à épandre au printemps et en automne.

L'efficacité du produit n'est pas mise en cause, puisqu'il a été utilisé avec succès sur de nombreux plans d'eau, mais on s'interrogera sur son utilisation dans le lac rond déjà traité par chaulage l'an passé pour limiter la prolifération des cératophylles, plantes aquatiques réputées pour leur production élevée d'oxygène, mais dont l'extension est difficilement maîtrisable.


Publicité sur le Nautex (photo MEAC, l'innovation plein champ)
 
Il faut savoir que les bactéries aérobies sont des microorganismes ayant besoin d'oxygène pour vivre et se développer. "L’eutrophisation est une forme singulière mais naturelle de pollution de certains écosystèmes aquatiques qui se produit lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent. L’eutrophisation s’observe surtout dans les écosystèmes dont les eaux se renouvellent lentement. Sur le fond du lac, là où les algues mortes et les débris de végétaux viennent se déposer, les bactéries aérobies qui s’en nourrissent prolifèrent à leur tour, consommant de plus en plus d’oxygène. En l’absence d’une circulation suffisante des eaux, le fond du lac est peu oxygéné et les bactéries finissent par épuiser l’oxygène des couches d’eaux profondes. Elles ne peuvent plus dégrader toute la matière organique morte et celle-ci s’accumule dans les sédiments. On dit que le lac vieillit. Une telle situation, lorsqu’elle se produit, s’aggrave encore lorsqu’il fait chaud car la solubilité de l’oxygène dans l’eau (comme celle de tous les gaz) diminue lorsque la température augmente". Sources : CNRS (l'eutrophisation dans les écosystèmes aquatiques continentaux)

En attente : les résultats d'analyse de l'eau du lac rond.

Alors, concours de circonstances, mauvaise appréhension de l'état des plans d'eau, solutions apportées insuffisantes, inappropriées ou tardives, fatalité ? Je vous laisse le choix de la conclusion... sachant que le curage du lac rond, non encore budgété, apparaît de plus en plus comme une évidence avant toute gestion halieutique de ce lac.

21 commentaires:

  1. Quelle catastrophe. Il faut sortir ces poissons et ce ne doit pas être facile. Par contre pour la vase il faut utiliser des bactéries qui dévorent les matières organiques sans s'attaquer à la faune et à la flore

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    1. Oui Gérard, c'est la raison pour laquelle il avait été répandu dans les eaux du lac du Nautex (ou Craie de Champagne) qui contribue au développement des bactéries aérobies dont la fonction est de recycler les matières organiques.

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  2. Promeneur du lac19 août 2017 à 16:31

    Le 17 août je me suis promené le long de l'étang sinistré. J'ai aperçu, le long des rives exposées au soleil, plusieurs gambusies d'une grande vivacité, uniques survivants des poissons ayant peuplé cet étang.

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  3. Dès que j'ai appris que les résultats d'analyses de l'eau étaient arrivés, j'ai demandé au bureau des gardiens de l'ASLG de m'en fournir une copie. Il m'a été répondu (je cite) : "En réponse à votre demande nous n’avons pas l’autorisation du bureau du Syndicat de communiquer les résultats d’analyse". Adieu la transparence, bonjour l'opacité !?!

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  4. Vous avez écrit que les poissons morts avaient été enlevés pour équarrissage, or il m'a été rapporté qu'ils avaient été enterrés.

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  5. En effet, d'après les renseignements pris, les poissons morts ont été enterrés dans le domaine. La procédure sanitaire qui s'imposait aurait été de faire appel à un équarrisseur qui se serait chargé de l'élimination de ces déchets conformément à la législation.

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  6. Déjà en décembre 2009, deux tonnes de Nautex avaient été déversées dans le lac rond. Cet apport de carbonate de calcium n'avait pas eu d'impact nocif sur la faune piscicole. La diminution du volume d'eau à cause de l'envasement, la destruction des plantes aquatiques productrices d'oxygène et les fortes chaleurs ont sans doute contribué à l'eutrophisation du lac et provoqué l'asphyxie des écosystèmes aquatiques.

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  7. bonjour Mr PERREZ
    apparemment , vous êtes le référent de la pêche a la coudouliere
    je viens y passer des vacances régulièrement et y a fait de bonnes pêches très agréables en no kill
    je suis attristé de lire que beaucoup de poissons soient morts
    lors de mon séjour de l'année dernière au printemps , il a été versé des produits ds l'eau , n'y aurait-il pas eu d'effet combinés avec la chaleur ?
    mais , pour cette année , la pêche a t-elle été ré-ouverte ?
    cordialement
    régis

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  8. Bonjour Régis.
    La question est de savoir s'il existe une réelle volonté de rétablir la biodiversité du lac de l'anneau ? Pour cela il faut vider le lac et curer le fond afin de le débarrasser de la vase et des polluants qui s'y sont accumulés, mettre des végétaux non invasifs mais capables de régénérer l'eau en O2, puis d'empoissonner avec du menu fretin et quelques carnassiers. Mais cela a un coût ! Les colotis vont devoir financer cette dépense importante qui vient s'ajouter à celle de la réhabilitation du centre nautique. Dans ces conditions, nul doute que le lac de l'anneau ne sera pas ouvert à la pêche cette année...

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  9. bonjour
    comme je vous disait , mes prochaines vacances arrivent en fin de mois (28 avril 2018)la pêche a t-elle été ré-ouverte ?
    cordialement
    Régis

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  10. Bonjour Régis.
    La réponse est négative pour cette année. Compte tenu des coûts, je pense que les travaux sur les deux lacs devront être votés en assemblées générales avant de pouvoir être réalisés. Pour plus d'informations à ce sujet, il faudrait que vous contactiez la direction de l'ASLG qui vous apportera des précisions.
    Bien cordialement.

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  11. Bonjour, actuellement sur le site de la coudoulière en vacance je me suis aperçu que le niveau de l'eau a bien remonté et que l'on recommence a apercevoir certain poisson(black bass,gardons et surtout des perches soleil.Avez vous des nouvelles sur les causes de la pollution car beaucoup de propriétaires dénoncent le pompage de l'eau pour la piscine.A la dernière ag en avez vous discuté et prévu quelque chose pour l'année prochaine .Je vient pêcher ici depuis 7 ans pendant mes vacances et suis un des premiers a proposer des cartes hebdomadaire pour les vacanciers(environ 8 a 10 euros pour les adultes et 5 euros pour les moins de 18 ans) ou autre concours de pêches payant pour apporter un petit pécule pour que les propriétaire n'est pas a supporter le cout d'un rempoissonnement ou petit entretien du lac.
    Bien cordialement

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  12. Bonjour, qu'en est il de la situation cette année?
    Merci

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  13. Situation en stand-by. Pêche toujours interdite cette année. Prolifération des algues vertes filamenteuses qui sont venues étouffer les cératophylles productrices d'oxygène. D'après la direction, le syndicat de l'ASLG devrait étudier cet automne le dossier relatif aux lacs...

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  14. Dommage, je profiterai du reste des activités et j'irai tremper ma ligne dans l eau salée! Bon courage pour cela, dossier toujours difficile a gerer et pourtant tellement essentiel

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  15. Bonjour
    Nous vous proposons de vous renseigner sur internet
    PLOCHER
    PENAC
    Peut-être une solution ...
    Une bonne solution ...
    Ce système PENAC a sauvé de nombreux lacs ...

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  16. Bonjour. Je ne sais pas si j'ai bien compris l'article, car il est peu probable que vous ayiez voulu dire une énormité pareille, j'ai probablement mal compris. Les gambusies sont une espèces invasives, qui bien qu'elle consomme des moustiques, a un impact extrêmement négatif sur la faune locale d'origine. Alors dire "leur disparition serait catastrophique", en parlant des gambusies, ça fait faire un bond. Cette espèce est classée comme invasive, et en faire l'élevage en France est strictement interdit, le commercialiser également. Son introduction a été une très cruelle erreur, et sa pêche est encouragée (mais pas à des fins d'élevage).

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    1. Et pas seulement en France. Ce poisson n'est pas considéré comme invasif seulement dans son aire d'origine, partout ailleurs, c'est une calamité, bien que, encore une fois, il décime les moustiques, il y a un revers très amer à la médaille. Par contre, excellent article pour dénoncer les pollutions!

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  17. Bonjour. Effectivement le gambusie est une espèce invasive originaire des Etats-Unis qui a été acclimatée en Corse et dans les zones humides du sud de la France pour combattre le paludisme. Elle se nourrit de larves aquatiques et notamment celles du moustique commun. Dans les étangs de la Coudoulière, les gambusies ont pour prédateurs les black-bass, les perches-soleils, les tortues de Floride (espèces invasives venues du nord de l'Amérique)... et les martin-pêcheurs ! Leur population est donc régulée et ce poisson ne constitue aucunement une menace réelle sur la biodiversité liée à ces étangs.

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