En ce début d'année, et puisqu'à la
Coudoulière il y a beaucoup de pescadous, je vais souhaiter à
ceux-ci une bonne et merveilleuse année remplie de pêches
mémorables, même si nous avons constaté qu'au fil des décades,
les poissons de Méditerranée avaient hélas diminué en taille et
en nombre.
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Bonne année halieutique 2018 |
A la Coudoulière, il n'y a pas que la
pêche en mer. En effet le domaine de la Coudoulière dispose de deux
lacs d'eau douce dont l'un est destiné – pardon, était destiné –
à la pêche exclusive de ses résidents.
Mais voilà, dans le lac de l'anneau
avaient proliféré des plantes aquatiques qui envahissaient la
surface de l'eau. Des nénuphars, certes, mais surtout des
cératophylles épineux (Ceratophyllum demersum) dont il fallait se débarrasser parce qu'ils
enlaidissaient et altéraient la beauté des plans d'eau.
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Lac de l'anneau envahi par les cératophylles en 2009 |
Si on peut facilement maîtriser le
développement des cératophylles épineux (ou cornifles immergés) dans des aquariums ou dans des
petits bassins, il n'en est pas de même pour les grandes étendues
d'eau. Ces plantes aquatiques n'ont pas de racines mais développent
des feuilles modifiées ayant un aspect de racines se fixant dans le
fond envasé. Les fleurs bleutées sont petites, discrètes et
peuvent être, sur la même plante, de sexe mâle ou femelle. Malgré
leur aspect visuel peu engageant, ces plantes offrent néanmoins des
abris aux alevins contre leurs prédateurs et ont la particularité
de produire de l'oxygène, source de vie en milieu halieutique.
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Cératophylles épineux |
Il faut savoir que des oiseaux
aquatiques, tels les foulques macroules (Fulica atra), se nourrissent de
cératophylles (voir la vidéo sur YouTube que j'ai réalisée),
mais il faudrait d'importantes colonies de ces rallidés pour en
venir à bout.
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Foulque macroule marchant sur des rhizomes de nénuphar |
Alors il a été décidé lors de
l'assemblée générale de l'ASLG de 2009 d'introduire des carpes
amour (Ctenopharyngodon idella), lesquelles se nourrissent de plantes aquatiques, ce qui était
une solution écologique et économique pour réguler la croissance
des cératophylles.
Depuis mars 2013 l'introduction dans les lacs français des carpes amour, également appelées amours blancs, est strictement réglementée et soumise à autorisation préfectorale sous certaines conditions.
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Deux grandes carpes amour se prélassant au soleil |
Parallèlement, en décembre 2009,
furent déversées dans le lac de l'anneau deux tonnes de Nautex, qui
est de la chaux éteinte qu'on trouve à l'état naturel en
Champagne, afin de réduire le
volume de vase tapissant le fond du lac, celle-ci atteignant par
endroits 1,50 mètre.
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Epandage du Nautex dans le lac de l'anneau en décembre 2009 |
Sans parler d'un faucardage coûteux
réalisé en 2015 sur le lac de l'anneau pour arracher les plantes
aquatiques, ainsi que d'autres apports en Nautex pour favoriser le
développement des bactéries aérobies qui se nourrissent de vase.
En vain puisque les plantes aquatiques réapparurent les années
suivantes, et que la quantité de vase absorbée fut négligeable,
visuellement parlant.
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Faucardage dans le lac de l'anneau réalisé en août 2015 |
Au printemps 2017, alors que les
poissons sortaient de leur léthargie hivernale pour frayer, furent
encore déversés dans le lac de l'anneau plusieurs sacs de Nautex,
avec le résultat final qu'on connaît : la mortalité de tous
les poissons du lac par asphyxie, due à l'eutrophisation et à la
raréfaction de l'oxygène dissous dans l'eau, combinées à d'autres
synergies ayant induit un phénomène létal (voir l'article sur« l'hécatombe de poissons » paru dans un
précédent article sur ce blog).
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Benne remplie de poissons morts en juillet 2017 |
Vous l'avez compris, la connaissance
sur les peuplements de poissons dans les grands plans d'eau et sur
leur gestion halieutique dans un écosystème particulier ne peut
relever de l'amateurisme. Il faut faire appel à un expert en vue de
déterminer la nature des travaux permettant d'assurer une gestion
pérenne du milieu halieutique sans retomber dans les erreurs du
passé.
A mon avis, il y a une opération qui
aurait du menée depuis fort longtemps : le vidage et le curage
du lac de l'anneau. Les derniers travaux de vidage et de curage
remontent à une trentaine d'années.
Des tonnes de vase encombrent le fond
du lac, souillées par des hydrocarbures et des dérivés du pétrole
en provenance de l'avenue du cap Nègre, par des métaux lourds comme
le mercure, le plomb ou le cadmium, par des dépôts azotés et des
polluants organiques persistants qu'il convient d'éliminer car ils
se concentrent dans la chair des poissons pouvant être consommée
par les pêcheurs ne pratiquant pas le no-kill.
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Vidage et curage du lac de l'anneau dans les années 1980 |
Avant le
remplissage en eau du lac, la réparation par thermocollage du
revêtement plastifié couvrant le fond du lac, abîmé, va s'imposer. Il faudra
aussi prévoir l'emplacement et l'alimentation électrique des
systèmes d'aération de l'eau, tels que des fontaines de surface
aératrices. Ces fontaines, outre l'agrément visuel et le spectacle
assuré par les jets d'eau, auront pour effet d'oxygéner l'eau et
d'éviter tout risque d'eutrophisation du milieu aquatique. A savoir
qu'il existe des fontaines alimentées en énergie par mini-éoliennes
ou par des panneaux solaires.
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Fontaine aératrice |
Pour éviter
que les plantes aquatiques prolifèrent de façon désordonnée, il
faut en maîtriser le développement. Une des solutions consiste à
les planter dans des paniers flottants, suffisamment lestés pour
être immergés aux profondeurs préconisées tout en leur assurant
une croissance maximale. Ainsi ces plantes pourront être
surveillées, déplacées et enlevées à souhait sans interaction
aucune avec les sédiments qui se déposeront au fil des ans sur le fond
du plan d'eau.
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Paniers flottants à lester |
Vous l'avez compris, des solutions
pérennes existent qui nécessitent certes un investissement coûteux
au départ, mais qui sera largement amorti sur le moyen et long
terme.
L'ASLG voudrait se doter d'un club de
pêche. Ce club ne pourra exister que si la qualité de l'eau des
lacs est irréprochable, riche en oxygène dissous, et pouvant accueillir
une faune piscicole constituée d'une majorité de poissons blancs et
de quelques carnassiers indigènes vivant dans les eaux de 2ème
catégorie, comme cela existait à la Coudoulière, il y a une trentaine d'années.
Ce club, affilié à la Fédération,
aura pour ambition de favoriser le repeuplement des poissons et
d'enrayer la prolifération de la flore aquatique, par une meilleure
gestion des plans d'eau et de notre patrimoine.
Photos : RHP Collection.
Le lien vers cet article a été envoyé à +80 résidents du domaine de la Coudoulière. Le mail d'accompagnement indiquait : "Quand j'ai acheté un appartement dans le domaine, il m'avait été assuré qu'il n'y avait pas de moustiques communs malgré la présence de plans d'eau, et que l'un des 2 lacs était destiné à la pêche... De nos jours, l'écosystème du lac rond et sa diversité biologique ont été bouleversés par la destruction de toutes les plantes aquatiques et la mortalité de tous ses poissons. Ce déséquilibre aura pour impact la baisse de fréquentation des oiseaux aquatiques, le risque de profusion des moustiques communs due à la mortalité des gambusies, la diminution de la population des libellules privées de leur habitat naturel, etc. Des solutions existent pour faire revivre le lac de l'anneau. Encore faut-il se donner les moyens de les appliquer."
RépondreSupprimerIl serait souhaitable que cette action soit inscrite dans le budget de l’ASLG dès cette année. La difficulté sera de faire voter cette nouvelle dépense alors que pas mal de personnes “râlent” à propos du coût des travaux de la piscine.
RépondreSupprimerLes lacs font partie du Domaine de la Coudoulière et par conséquent doivent être entretenus. Il serait intéressant de connaître les propositions de la commission "étangs". Les poissons, les oiseaux, les insectes, les plantes doivent vivre en harmonie. En l'absence de l'une de ces espèces, l'écosystème est rompu et on peut assister au surdéveloppement d'une espèce comme les moustiques !!! Mon ami adorait pêcher et il est impensable que le lac rond perde l'affectation qui lui a été dévolue.
RépondreSupprimerJ'ai rencontré le délégué "forêts, lacs et pêche" qui m'a dit avoir contacté plusieurs entreprises de curage. Une seule a fourni un devis s'élevant à 160.000 €. Un tour de table avec les membres du syndicat n'aurait rien donné, certains étant même hostiles à toutes dépenses compte tenu de la facture piscine qui va s'allonger (minimum 40.000 €) et qui plombe tous les débats. Pourtant on pourrait entreprendre ces travaux dès maintenant. En moyenne ils coûteraient 78,74 €/appartement. Avec un crédit sur 3 ans, cela ferait 2,20 €/mois compte tenu du faible taux d'intérêt, ou 2,70 € en ajoutant les équipements hydro-électriques, les travaux sur le revêtement de fond et les intérêts du prêt.
SupprimerBeaucoup de copropriétaires se posent des questions : y'a t'il une commission traitant des lacs ? y'a t'il un budget spécifique ? etc etc. Beaucoup trop restent dans l'ignorance : manque de volonté? manque de communication ? .. Toutefois il y a des copropriétaires qui s'en inquiètent. Un grand merci a eux !
RépondreSupprimerLa première pollution venait d'un exercice mal maîtrisé par les pompiers, puis le lac à retrouvé ensuite une vie plus équilibrée mais les poissons pêchés n'étaient plus consommables. Evidemment qu'il faut de toute urgence régler ce problème pour éviter toute nouvelle attaque. Le second lac semble sain, mais il est envahi par les nénuphars et n'existera bientôt plus en tant qu'écosystème ayant une diversité biologique. Je vous soutiens dans votre action.
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