mardi 11 octobre 2016

les tortues de Floride

Les résidents du domaine de la Coudoulière venus se promener autour des lacs ont pu apercevoir cet été, posés sur les rhizomes de nénuphars ou nageant dans l'eau, de grosses tortues aquatiques.

Tortues de Floride posées sur des rhizomes de nénuphars
En fait il s'agit de tortues de Floride (Trachemys scripta elegans) qui sont une sous-espèce de tortue de la famille des Emydidae, facilement identifiables par les taches de couleur rougeâtre qu'elles ont sur leurs tempes. Les observateurs avertis auront noté les différentes couleurs de l'animal adulte : jaune sur le plastron, vert marron à brun sur le dos de la carapace, et chez les sujets plus jeunes, une couleur jaunâtre sur le corps et verdâtre avec des motifs bruns sur la carapace.

Tortue de Floride femelle
Cette tortue vit en principe dans les lacs, étangs et marécages de l'est des États-Unis, entre les monts Appalaches et les Rocheuses, et dans le nord-est du Mexique. Elle a une longévité évaluée à environ 50 ans pour un poids maximal de 3 kg. Juvénile, sa nourriture se compose de 90 % de viande (petits poissons, invertébrés, crustacés) et 10 % de végétaux. Avec l'âge elle devient omnivore et opportuniste et son menu se composerait à 65% de végétaux et 35% de viande.

Tortue de Floride se réchauffant sur la berge
Vers les années 1970, des tortues de Floride ont été importées massivement d'Amérique par des animaleries d'Europe dont la France. Mais depuis 1997, l’importation de Trachemys scripta elegans est interdite dans l’Union Européenne (Règlement CE 2551/97 du 15 décembre 1997) car elle est considérée comme une espèce invasive. Cette tortue n'étant plus en vente libre en France, il faut être titulaire du certificat de capacité et d'une autorisation d'ouverture d'établissement pour la posséder.

Tortue de Floride à cheval sur des rhizomes de nénuphars
Durant deux décennies, la mode fut de posséder dans un petit vivarium une ou deux petites tortues. En fait les vendeurs omettaient d'informer les acheteurs que ces tortues "naines", d'environ 2 cm à la naissance, grandiraient pour atteindre une taille de 20 à 30 cm (grandeur de la carapace) pour un poids de 2 à 3 kg. De 1989 à 1994, rien qu'en France, on estime à plus de 4 millions le nombre de tortues importées et vendues.

Tortue de Floride prise en plan rapproché
Ces tortues, comme bien d'autres reptiles, sont depuis longtemps reconnus comme sources d'infections humaines à Salmonella, ce qui a été une des motivations pour interdire à partir de 1975 l'exportation des tortues américaines. Les tortues qui se développent dans des conditions défavorables ou à l'étroit dans les aquaterrariums d'appartements, donnent inéluctablement des signes de déclin significatifs. C'est la raison pour laquelle grand nombre de possesseurs de tortues ont cru bien faire en les relâchant dans la nature pour leur permettre de survivre.

Tortues de Floride posées sur un tronc d'arbre
Une majeure partie des tortues de Floride relâchées dans les étangs et autres cours d'eau ont réussi à s'acclimater et à se reproduire avec succès, notamment dans les zones humides du pourtour méditerranéen. C'est le cas pour nos deux lacs où on a surpris des tortues de Floride venir pondre dans les parties gazonnées jouxtant les plans d'eau. Avec les pattes postérieures, les femelles creusent dans la terre un trou d'environ 6 cm dans lequel elles déposeront une vingtaine d'œufs.

Tortue de Floride en train de pondre
Après l'éclosion des œufs, on a pu voir nager vivement dans l'eau des petites tortues d'à peine quelques centimètres. Ces chéloniens, s'ils parviennent à échapper à leurs prédateurs, pourront croître dans nos lacs en raison de la douceur hivernale.

Des centres d'accueil pour tortues ont été créés afin de récupérer des animaux retrouvés dans la nature, ou pour accueillir les NAC (1) de personnes voulant leur offrir un meilleur environnement.

Tortue de Floride posée sur un rhizome de nénuphar
Ces tortues sont des reptiles et des animaux hétérothermes (2). C'est la raison pour laquelle on peut les voir l'été se rafraîchir dans l'eau, puis se chauffer au soleil sur les troncs d’arbres, sur les rhizomes de nénuphars et plus rarement sur les berges des lacs, souvent en compagnie d’individus de la même espèce. L'hiver, elles hibernent en restant immobile au fond de l'eau, attendant les signes de l'arrivée du printemps, dans un état de vigilance ralentie.

Gare aux reflets dans l'eau, moi j'en compte 7. Et vous ?
Il existe un dimorphisme entre les deux sexes : les femelles peuvent facilement atteindre une taille de 28 cm de carapace contre 25 cm pour les mâles. Le plastron des femelles est plat alors que celui des mâles est concave. Les pattes antérieures des mâles se caractérisent par de longues griffes, utiles lors de la reproduction. En outre (n'y voyez aucune malice) la queue est plus longue chez le mâle.

Tortue de Floride posée sur des rhizomes de nénuphars
Du fait de leur petite taille, seules les tortues juvéniles sont la proie de prédateurs. Ce sont les poissons carnassiers, tels les black-bass, qui les capturent quelque soit la profondeur où elles évoluent, et les goélands leucophées qui plongent sur elles lorsqu'elles sont en surface. Ces tortues américaines sont beaucoup plus aquatiques que la Cistude d’Europe, tortue autochtone dont elles partagent l'habitat et qu'elles arrivent à supplanter.

Photos : RHP Collection (photos prises à la Coudoulière entre 2005 et 2015)

Sources : Wikipédia, l'encyclopédie libre

(1) NAC : nouvel animal de compagnie
(2) hétérotherme : dont la température du corps dépend de la température ambiante

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