jeudi 26 septembre 2013

Les libellules

Il suffit de se promener au parc de la Méditerranée, pour les voir sillonner les airs, tels des mini hélicoptères silencieux. Vous avez compris, il s'agit de ces gracieuses libellules chantées par tant de poètes ayant fait l'éloge de cet odonate aux ailes étincelantes, tels des vitraux par la lumière sublimés.

Victor HUGO (Les Rayons et les Ombres, 1840) écrivait à leur sujet :

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.

Sympètre jaune d'or (Sympetrum flaveolum)
Quant à nos amis d'outre-Manche, plus prosaïques, ils voient en cet élégant insecte, un prédateur féroce qui, perché sur un jonc, scrute de son œil facetté l'insecte qui passera à proximité. D'ailleurs, ne les appellent-ils pas Dragonflies (littéralement, dragons volants) ?

Sympètre vulgaire (Sympetrum vulgatum)
Commençons par le début : les œufs, déposés par les femelles à la surface des plantes aquatiques, ou sous la surface de l'eau, donneront naissance à des larves aquatiques carnassières, dont la durée de développement sera d'un à quatre ans selon les espèces. Au terme de sa croissance, la nymphe va émerger et s'agripper à un végétal pour muer. Il en sortira un imago qui attendra le déploiement et le durcissement de ses ailes pour prendre son envol.

Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) posé sur un agave
Comme je vous le disais, les odonates sont des chasseurs et des prédateurs qui s’alimentent d’autres insectes tels que papillons, syrphes, mouches, moustiques… mais aussi d'autres espèces de libellules, les plus grandes capturant les plus petites.

Sympètre à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii)
Grâce à leurs ailes antérieures et postérieures indépendantes, elles accomplissent en vol des prouesses que ne peuvent réaliser les autres insectes. Elles peuvent faire des pointes de vitesse supérieures à 35 km/h et ainsi échapper au frelon, voler sur place et même en marche arrière. Leur vitesse ascensionnelle est de 1,5 m/s.

Libellule écarlate (Crocothemis erythraea)
Malgré toutes ces prouesses, elle ne peut toutefois échapper à ses prédateurs naturels constitués d'une part d'oiseaux insectivores comme le gobe-mouche gris, le guêpier d’Europe ou le faucon hobereau qui se nourrissent d'insectes de grande taille comme les libellules, cigales, papillons et autres gros coléoptères...

Guêpier d'Europe ayant capturé une aeschne bleue (Aeschna cyanea) [photo Bernard GAY]

... et d'autre part de certains poissons carnassiers tels que les truites à l'affût sur les fonds sablonneux des rivières, et dans notre quartier, les black-bass des lacs de la Coudoulière qui guettent les libellules lorsqu'elles volent la surface de l'eau, seules ou accouplées lors de la ponte...

Black-bass jaillissant hors de l'eau pour capturer une libellule (photo-montage)
... et aussi de grosses araignées, comme les épeires ou les argiopes, qui en capturent fréquemment dans leurs toiles tissées entre les joncs, en bordure des plans d'eau.

Aeschnes des joncs prisonniers d'une toile tissée par une épeire (en médaillon)
A la fois proie et chasseur, telle est la destinée de cet insecte au vol surprenant qui a besoin de plans d'eau pour se reproduire. Les lacs du domaine de la Coudoulière, et dans une moindre mesure, le bassin du parc de la Méditerranée, sont là pour perpétuer leur descendance. Aussi, tant qu'on verra ces gracieux anisoptères et zygoptères voler au dessus de nos têtes, on aura acquis la certitude que leur présence demeure un bon indicateur de la biodiversité de notre quartier.

Voir toutes les libellules recensées à la Coudoulière

1 commentaire: